Adieu cher Alcazar, Music-hall de mes rêves. C'est en soixante-deux que ton règne s'achève Je n'aurais jamais cru que tu disparaîtrais Vaincu par le cinéma, la radio, la télé Oui, tu as consacré de nombreuses vedettes Pas celles d'aujourd'hui, qui sont toujours surfaites Le récital, les prix, les impôts t'ont tué Quand j'y pense, vois-tu, j'en ai le cœur serré Les gens t'ont déserté comme un bateau fantôme Non tu n'as plus ta place, au siècle de l'atome J'en ai les larmes aux yeux Evoquant les Georgel : "Alaska, terre promise, Alaska ton Nord, me grise, ..." Maurice Chevalier, au sourire éternel : "Elle avait de tout petits petons. Valentine, Valentine, elle avait un tout petit peton que je tâtais à tâtons, ..." Mayol : "Les mains de femmes, je le proclame, sont des bijoux dont je suis fou, ..." Esther Lekain : "Quand on fait le même chemin chaque soir et chaque matin, on se dit des choses si tendres qu'on rêve rien qu'à les entendre ..." Dalbret : "Ils sont partis sur la barque légère les trois petits gars. Ils sont partis en pensant que leur mère ne le saurait pas ..." La Palma : "Si je pouvais n'avoir plus d'yeux, ne plus voir les tiens qui m'attirent. Je crois que cela vaudrait mieux. Je subirai moins le martyre, ..." Et Turcy : "Il est là, mon cabanon caché parmi les roches rouges. La calanque ou les barques bougent et le soleil des compagnons, ..." Quelle fête ! Ces noms sont dans ma tête Adieu cher Alcazar. Sombre dans le néant Le rideau tombe, hélas, sur les choses d'antan On te remplacera si les jeunes s'éveillent, laissant les platitudes Ces platitudes : "C'est un air qui vient de là bas, de carpentri de carpentras Twist again, ..." Allons vers les merveilles, merveilles du théâtre et du café concert. Adieu, cher Alcazar, comme tu m'étais cher !
FRANCIS T